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Qu'est ce que la morale publique ?
La troisième voie.

D'un coté, dans nos systèmes politiques occidentaux modernes (démocratie), la morale est une affaire privée, au même titre que la religion. Seul est exigible le respect des lois, et encore seulement sur la forme, pas sur le fond.
Cela ne fonctionne pas bien, car les lois sont trop approximative du point de vue de la science moderne, donc trop souvent en contradiction avec les faits.

De l'autre, dans le système chinois traditionnel, la morale est publique en ce sens que les fonctionnaires sont recrutés sur un concours de culture Confuc²éenne. Or la base des entretiens de Confucius est une morale verticale : obéir à ses supérieurs (à commencer par son père), et diriger ses subalternes conformément à la manière dont on aimerait être dirigé soi même.
Tout au long du XXᵉ siècle, confronté à la supériorité économique et militaire de l'occident, le système politique chinois est en crise. En 1912, on y adopte une république à l'occidentale, puis en 1949 le système communiste basé sur le parti unique. Durant ces deux périodes, le confucianisme est dénigré, rejeté : on lui fait porter la responsabilité du déclin. Avec l'oxymore du socialiste de marcher de Deng Xiaoping et le retour de la puissance économique et militaire qui s'en suit, au début du XXᵉ siècle, le régime bascule vers un objectif de domination et non de simple assimilation, et cherche donc à définir un système de gouvernement moderne à la chinoise, en réabilitant le confucianisme, via le nouvel oxymore du parti unique confucianiste.

D'un troisième coté, en Russie, au moment de l'effondrement de l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev cherche aussi une troisième voie, mais n'en trouve pas les bases dans la culture russe traditionnelle, pendant que les occidentaux supposent l'assimilation. S'en suit une nouvelle période sombre.

Le fait est que les chinois ont raison sur l'occident sur un point : la morale doit faire partie de la sphère politique, pour une raison très simple, qui est que l'ambition sociale doit être contenue.
Simplement, la bonne manière de le faire s'appelle la cotation stratégique, qui consiste à évaluer la capacité des individus à pratiquer la résolution de problèmes, et non le confusianisme.
Nous avons formulé en très peu de mots ce qu'est la troisième voie, maladroitement cherchée actuellement par la Chine, et avortée en Russie. En effet, une fois la cotation stratégique adoptée, la notion de parti unique n'est plus le problème central. On retrouve ici un point clé du livre Du capital à la raison : le problème central n'est pas qui gouverne, mais comment s'exerce le pouvoir : il faut encadrer le processus de décision.

En résumé, la modernité occidentale, qui a produit sa supériorité au XIXᵉ siècle, correspond au fait qu'elle applique la résolution de problèmes dans le domaine des sciences et techniques.
Sa faiblesse provient du fait qu'elle ne l'applique pas dans le domaine de la politique, ni même de la hiérachie dans les entreprises privées.

Approfondir

Concernant l'histoire chinoise du XXᵉ siècle, voir les cours du Collège de France de Anne Cheng, année 2008-2009.

 

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