Conclusion

Dans la première partie, nous avons analysé l'œuvre de Marx, qui posait la question fondamentale du progrès qui ne bénéficie pas à tous. Nous avons constaté que cette question est plus que jamais d'actualité, et que l'analyse de Marx reste pertinente aujourd'hui. En revanche, en intégrant les acquis des sciences sociales, à savoir principalement le népotisme généralisé et la dissonance cognitive, nous sommes amenés à remettre en cause les solutions proposées par Marx, car elles étaient trop liées aux mythes de l'idéal des lumières, contredits depuis.

Dans la seconde partie, nous avons décrit le cœur d'une solution actualisée, et dans la troisième partie, nous avons abordé les implications sur tout une série de domaines connexes, pour constituer au final un ensemble cohérent et conforme aux savoir et attentes actuels.
La base, ce n'est pas une nouvelle politique, qui serait "meilleure" que les autres, mais la refonte du système de décision. En effet, nous avons vu au chapitre 4 qu'il n'a pratiquement pas évolué depuis l'Antiquité, et qu'il est aujourd'hui inepte pour appréhender les nouvelles problématiques complexes que les deux révolutions technologiques ont fait surgir, l'une étant celle soulevée par Marx, l'autre étant l'écologie.

Nous avons passé sous silence quelques sujets pourtant très importants comme la santé ou la défense, simplement parce que nous n'avons pas d'éléments significatifs à apporter au débat les concernant. Cet ouvrage ne vise à pas être une encyclopédie, mais un projet de société qui permette de se battre pour que nos enfants vivent mieux que nous.

Reprenons simplement pour finir la liste des points qui semblent incontournables pour que le système soit viable :

   •   

Établir un formalisme permettant de renforcer la rigueur du raisonnement dans les décisions stratégiques, en suivant la méthode décrite aux chapitres 9 à 11, c'est-à-dire en intégrant les contraintes imposées par la dissonance cognitive.

   •   

Limiter les étages hiérarchiques, et les indirections, c'est-à-dire valoriser ceux qui font et non ceux qui gèrent des ressources, en réponse aux constatations de Parkinson.

   •   

Exiger que l'informatique reste maîtrisable par les opérationnels, ce qui suppose de faire émerger l'honnête homme numérique.

   •   

Financer l'activité par des banques au service du projet social.

   •   

Un système d'imposition qui garantisse mécaniquement la maîtrise des inégalités, ainsi que le revenu universel pour accompagner la libération du travail de masse.

   •   

Faire appliquer l'esprit et non plus seulement la lettre de la loi pour mieux s'adapter à la complexité.

   •   

En finir avec la publicité non sollicitée pour permettre la transition écologique.

 

Ce livre a été écrit dans une période où le sentiment dominant est le découragement résultant du fait que la période actuelle est regardée principalement en comparaison à la période des trente glorieuses, dont nous avons vu qu'elle était un effet de bord non reproductible des deux guerres mondiales du XXᵉ siècle. De ce fait, le sentiment qui domine est que nos enfants vivront moins bien que nous, et nous avons l'impression que les incessantes réformes gouvernementales ne sont qu'une fuite en avant. En prenant de la hauteur et en considérant que ce que nous sommes en train de vivre est la seconde révolution de l'humanité (1), celle qui a commencée au XVIIᵉ siècle, et qui va permettre à l'humanité de se libérer de la contrainte du travail, et en proposant une organisation adaptée, qui tient compte des connaissances apportées par la sociologie, ce livre fournit le support pour que la prochaine génération s'inscrive dans une glorieuse perspective, celle de terminer la transition entamée il y a quatre siècles.
N'oubliez pas pour autant que, comme précisé au chapitre 23, ce futur positif ne peut advenir qu'avec votre contribution active, parce qu'au point de départ, un tel livre ne se diffusera pas tout seul.

Pour participer, rendez-vous sur le site web :
http://cr.storga.com/

 

(1)
La première étant celle de l'agriculture. Voir la partie "Une très brève histoire de l'humanité" au chapitre 5.