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Should you listen to your emotions?

Le cerveau des humains n'est pas le résultat de l'amélioration vers la rationalité d'une fonction cérébrale unique, mais plutôt l'ajout de nouvelles fonctions à coté des fonctions existantes.

Notre héritage génétique : le système cognitivo-affectif

Cette héritage est partagé avec les grands primates, probablement tous les mammifères et bien d'autres espèces encore.

Ce système cognitivo-affectif (1) est gouverné par la dichotomie recherche du plaisir (ou récompense) - évitement de la souffrance (ou punition).

Il se compose de quatre éléments :

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L'expérimentation spontanée.
Un enfant (ou une souris) qui découvre un nouvel objet tend à l'explorer pour en découvrir le potentiel de récompense.

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L'imitation.
Un individu (généralement un enfant) qui voit un autre individu (souvent un aîné) pratiquer une technique cherche à la copier, en présupposant qu'il y a une récompense associée à découvrir.

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Les émotions associées à la mémoire.
Quand une situation survient, l'émotion que nous ressentons est souvent dictée par la mémoire que nous avons de situations semblables.

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La transformation progressive des contenus de la mémoire.
Chaque fois qu'un élément ancien remonte de notre mémoire, il est ensuite réenregistré de manière légèrement modifiée par des éléments liés à la situation présente.

Quand l'enfance se déroule bien, que les parents savent comprendre et apporter des réponses satisfaisantes aux problèmes de leur enfant, celui-ci associe des émotions positives à toute une série de circonstances, en particulier celles où il a besoin d'une aide extérieure. Il en résulte l'attachement, et l'altruisme, car quand il rencontre d'autres personnes en difficulté, ces émotions positives remontent et lui permettent de trouver du plaisir dans l'action.

D'un autre coté, les enfants qui ont connu des agressions tendent à les reproduire, mais en tenant cette fois-ci le rôle de l'agresseur. Ils transforment ainsi progressivement le contenu de leur mémoire associée.

Notons enfin que des évènements traumatiques majeurs peuvent être occultés par la mémoire, de sorte que la victime n'a pas conscience de leur présence.

Notre héritage culturel : la résolution de problèmes

Contrairement au système cognitivo-affectif qui est partagé avec de nombreuses espèces animales, seuls les humains sont capables de pratiquer 'La résolution de problèmes' qui nécessite un langage complexe. Il s'agit d'une fonction éminemment culturelle qui requiert des années d'apprentissage dans des conditions favorables. Aussi, la majorité des humains adultes actuels présentent des cararances plus ou moins graves au niveau de leur capacité à pratiquer la résolution de problèmes, et fonctionnent encore principalement sur la base de leur système cognitivo-affectif. En particulier, la rhétorique est un affrontement verbal basé sur le système cognitivo-affectif.

Rappelons ici simplement que la résolution de problèmes est ce que nous considérons comme le fonctionnement cognitif optimum accessible aux humains, ainsi que la solution pour contenir la violence sociale issue de l'ambition sociale. A l'inverse, tant que les humains fonctionnent principalement sur la base du système cognitivo-affectif, ils vivent dans la violence sociale produit de l'ambition sociale. Voir le paragraphe 'Stratégies d'alliances' à la question 'Quelles sont les conséquences de l'ambition sociale ? La notion de népotisme généralisé.', pour bien comprendre que la violence dans un groupe ne résulte pas du fait que le chef règne par la terreur et non par la bienveillance, mais résulte du fait qu'il ne pratique pas la résolution de problèmes et laisse ainsi le champ libre au jeu des alliances.

Le fonctionnement cognitif global des humains

Le fonctionnement cognitif effectif des humains est la superpositions du système cognitivo-affectif et de la résolution de problèmes.

En particulier, même quand un humain essaie de pratiquer la résolution de problèmes, ses émotions liées à la mémoire peuvent, d'une part nuire à sa motivation, et d'autre part perturber sa rationalité, au même titre que ses croyances.
Dans le cas extrême, mais pour autant fréquent, la personne donne la prééminence à l'émotion, tire une conclusion qui explique à ses yeux son émotion, puis construit éventuellement un raisonnement biaisé pour justifier aux autres sa conclusion. En donnant la prééminence à l'émotion sur les faits, la personne agit d'une manière qui est globalement contraire à l'intérêt général.

Les psychothérapies visent en grande partie à atténuer les émotions négatives impérieuses associées à certaines situations. Cela peut se faire de deux manières :
D'une part en prenant conscience de notre tendance à généraliser. Par exemple, un certain nombre d'échecs peut conduire à une généralisation sous forme d'un absolu du type 'je n'y arriverai jamais' ou même 'je suis nul', c'est à dire un oubli de prendre en compte les particularités des circonstances dans lesquelles sont survenus ces échecs.
D'autre part, en obtenant des résultats différents dans des circonstances voisines, on peut modifier progressivement l'émotion liée à ces situations.

La somatisation

La somatisation correspond à la tentative de la raison de ne pas prendre en compte les émotions négatives liées à la mémoire qui surgissent et viennent contredire la ligne de conduite que nous avons choisie suite à un raisonnement rationnel.
Dès lors, ces émotions vont avoir tendance à s'exprimer au niveau corporel.

Conduite à tenir

Nous avons tous à conduire à travail de fond pour identifier les situations qui génèrent chez nous des émotions négatives produites par la mémoire, pour d'une part éviter la généralisation, et d'autre part chercher à y substituer des émotions plus positives.

Ce travail peut être vu comme une part significative de la seconde recommandation évoquée à la question 'Comment réussir sa vie ?' : La dimension raison - Krishnamurti - vivre dans le réel.
Cela peut se faire par du travail personnel, ou avec l'aide d'un thérapeute.
C'est aussi la base d'une démarche spirituelle Bouddhiste, dont la médiation est un élément clé.

Le populisme ou l'exploitation des émotions collectives

Populism est la technique de conquête du pouvoir basée sur l'exploitation d'émotions liées à des croyances collectives ou des difficultés rencontrées par de larges couches de la population, telles que par exemple la peur du déclassement social.
Techniquement, on sert un discours qui emporte facilement l'adhésion de la raison, via des évidences trompeuses, souvent simplistes, tout en ciblant en réalité les émotions. De ce fait, le populisme génère une adhésion, un ferveur, une impulsion, une capacité d'action, bien supérieure à celle produite par un discours rationnel cohérent.

Approfondir

Voir la question 'En finir avec le recours abusif aux psychotropes et psychothérapies' qui explique la dangereuse tendance actuelle à substituer la psychothérapie à la lutte contre l'injustice, et précise les grandes lignes qu'une psychothérapie devrait couvrir.

Le livre Cognitive and Behavioral theories in Clinical Practice, de Nikolaos Kazantzis, Mark A. Reinecke et Arthur Freeman, présente un panorama des psychothérapies cognitives disponibles.

Le chapitre 2 (Beck’s Cognitive Therapy) contient le verbatim d'un échange thérapeutique visant à réduire la généralisation de souvenirs associés à une émotion négative.
Une présentation plus développée de ce type de psychothérapie (CB ou CBT) est proposé dans le livre Cognitive Therapy of Anxiety Disorders, Science and Practice de David a. Clark et Aaron T. Beck.

Le chapitre 5 (Acceptance and Commitment Therapy) présente une méthode plus complète (ACT) pour traiter les émotions négatives du système cognitivo-affectif. Cette méthode est basée sur 6 techniques différentes.
Le livre ACT with Anxiety de Richard Sears fourni un manuel accessible pour appliquer ces différentes techniques.

 

(1) Nous utilisons la même terminologie 'système cognitivo-affectif' que le système CAPS decrit dans l'article 'A cognitive-affective system theory of personality: reconceptualizing situations, dispositions, dynamics, and invariance in personality structure' de Walter Mischel et Yuichi Shoda (1995), mais n'attribuons pas le même contenu à ce terme.
Nous avons réutilisé ce terme pour bien souligner que le système cognitif inné des humains est gouverné par les émotions.

 

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