Catalogue des psychothérapies

- Ce document n'est pour l'instant qu'une tentative de clarification -

Les psychothérapies tendent, comme les logiciels informatiques, à l'inflation stérile. Avec le temps, par dessus la base utile du début, les personnes impliquées dans le domaine ajoutent toujours plus, pour marquer le domaine de leur emprunte personnelle, et assurer ainsi leur promotion sociale. Souvent aussi les approches plus simples et directes qui peuvent être trouvées dans un second temps ne font pas pour autant disparaître les éléments antérieurs qui se sont avérés comparativement peu ou pas du tout utiles ou efficaces. L'évolution de la psychanalyse est un bon exemple de toutes ces difficultés.
Ce document vise à proposer avant tout une sélection de ce qui est vraiment utile et nécessaire pour aider à faire face au mieux à notre difficile condition humaine d'êtres vivants capables non seulement de prendre des décisions, mais aussi de porter une appréciation éventuellement douloureuse concernant les situations rencontrées et plus généralement notre destin personnel.
Le but est ici de ne plus vivre en faisant simplement avec, ou en déléguant le problème à une religion établie, comme cela a été fait pendant des siècles, car cela ne produit pas de résultat satisfaisant : il suffit d'observer les familles actuelles pour comprendre que si dans notre société occidentale moderne la plupart des individus ne souffrent plus de la faim, en revanche la détresse psychologique, et la solitude affective, dominent encore largement derrière les façades exposées à l'extérieur. De plus, les problèmes non traités au niveau des parents sont transmis aux enfants, comme la misère l'est dans les romans de Zola.
Toutefois, si nous invitons vivement à s'intéresser aux psychothérapies, parce que les humains actuels en ont crucialement besoin individuellement et collectivement, et à faire le tri entre le sérieux et la part plus ou moins grande de charlatanisme que véhicule chacune des psychothérapies disponibles, ce qui est l'object ultime de ce document, nous ne traitons pas ici pleinement du stress psychologique qui peut être induit par le manque d'autonomie chez certains individus, ou un environnement présent pathologique : en effet, dans ces deux cas, une grande partie de la réponse est d'ordre politique, et nous considérons pas que le 'travail sur soi' permet de compenser toutes les carences au niveau collectif.

L'objectif général d'une psychothérapie est très bien résumé par la notion d'ataraxie. L'état ataraxique, que l'on peut sommairement résumer par la paix intérieure, suppose la capacité à regarder les choses comme de simples faits, sans y attacher de préjugés et surtout sans y ajouter de dimension affective négative. Cela s'applique à la douleur physique, mais aussi aux situations que nous considérons comme psychiquement oppressantes, ainsi qu'à nos incertitudes concernant l'avenir.
Pour autant, l'ataraxie ne doit pas être confondue avec le bonheur. Le bonheur est un peu comme le beau temps ; il vient par moment, mais ne dure pas indéfiniment ; en effet, il dépend largement de circonstances extérieures, et tend à s'affadir avec le temps si rien ne vient le renouveler. Pour continuer à filer cette métaphore météorologique, l'ataraxie peut être comparée à un parapluie qui nous permet de passer les averses sans être trempés jusqu'aux os.
De plus, atteindre l'état ataraxique est un objectif, et nous allons maintenant tenter de classifier les thérapies disponibles qui peuvent nous aider à y parvenir, à coté des voies spirituelles traditionnelles.

Pour cela, commençons par remarquer que le comportement que nous analysons à la question 'Dis moi comment tu prends les décisions, je te dirai qui tu es', et plus généralement notre état mental, est le résultat d'un empilement d'étages psychiques : l'héritage génétique général de l'espèce, notre héritage génétique particulier, nos expériences et traumatismes personnels, nos préjugés sociaux, nos habitudes comportementales. Cet empilement induit plusieurs approches thérapeutiques possibles.

Revisiter nos habitudes comportementales

Quand nous sommes confrontés à une situation que nous avons rencontrée de multiples fois, nous avons tendance à répéter le comportement que nous avons adopté par le passé, qu'il soit optimum ou non.

Un exemple de thérapie appliquée à nos habitudes comportementales est l'Analyse Transactionnelle (AT) de Eric Berne. Elle définie quatre états du moi (parent, adulte, enfant adapté, enfant libre) et montre que dans les familles, des séquences de conversation ont tendance à se répéter quasi à l'identique, où le brusque changement d'état du moi chez un des interlocuteurs induit un changement symétrique, ni réfléchi, ni forcément pertinent, chez l'autre.

Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) peut aussi s'appliquer à chercher d'autres réponses à des situations sociales non satisfaisantes.

Souvent, la première étape consiste à simplement prendre conscience de l'aspect anormal, voir pathologique, d'une situation, que l'habitude et souvent les discours insidieux des proches ont fini par réussir à nous faire prendre pour naturelle, ou pire encore nous en fait endosser la responsabilité. Alors seulement, le travail libération peut commencer. A ce niveau, c'est souvent un autre, membre de la famille, ami, thérapeute, qui en qualifiant la situation d'anormale, nous apporte cette prise de conscience initiale.
Pour autant, si la prise de conscience peut amener un mieux psychologique, et permettre d'agir, de lutter, elle ne permet pas forcément de faire cesser les comportements pathologiques. C'est là qu'intervient la dimension collective, politique, évoquée dans le préambule et plus largement à la question 'Pourquoi la politique est-elle importante ?'. Il est mensonger de prétendre que tout peut être réglé à l'échelle individuelle, comme le font trop souvent les gourous du développement personnel, ou de spiritualités traditionnelles.

Revisiter nos expériences et traumatismes personnels

Il s'agit de revenir sur les expériences marquantes de notre vie, et de revoir éventuellement l'interprétation du monde que nous en avons tirée. Revenir fait ici référence à la question 'Quelles sont les conditions à réunir pour produire un raisonnement sérieux ? La résolution de problèmes'. Concrètement, cela signifie que l'analyse que nous avions effectuée était superficielle car souvent dominée par notre émotion et limitée par notre faible expérience de l'époque. Il convient donc de procéder à une nouvelle analyse approfondie.

Cette démarche devrait constituer le coeur d'une cure psychanalytique, où le psychanalyste joue le rôle de relecteur au niveau de cette démarche de réinterprétation de nos expériences (souvent traumatisantes) passées. La psychanalyse se trouve ici validée, à condition de jeter toutes les théories parasites qu'elle véhicule : interprétation des rêves, moi, surmoi, libido, complexe d'Œdipe, etc, pour ne garder au final que la réinterprétation assistée des expériences passées, conformément à la démarche de résolution de problèmes décrite sur ce site.

Se débarrasser de nos préjugés

Bon nombre de nos représentations du monde, et de nos comportements, sont le produit non pas d'une expérience personnelle, mais d'un simple conditionnement social. Dans tous ces cas, nous ne savons pas si notre comportement est factuellement pertinent, mais seulement qu'il est conforme aux attentes sociales de notre milieu.

Toute l'oeuvre de Krishnamurti vise à recommander, au lieu de chercher à croire en tel ou tel dogme religieux, à chercher à ne plus croire les dogmes qui ne sont pas validés par l'expérience. Une telle démarche nécessite un temps très long pour faire le tri entre ce qui est solidement soutenu par les faits, et ce qui ne l'est pas.

Une thérapie cognitivo-comportementale peut aussi s'appliquer à remettre en cause des croyances.

A l'inverse, le coaching, et plus largement le développement personnel, peuvent être dangereux pour l'individu dès lors qu'ils consistent à plaquer de nouvelles interprétations toutes faites, c'est à dire de nouveaux préjugés, au lieu de revenir sur l'interprétation que nous avons fait de nos expériences personnelles. C'est un peu comme si au lieu de soigner la plaie, on accrochait simplement à la jambe malade une attelle en titane. Cela peut produire un mieux illusoire à court terme, que la moindre secousse significative de la vie fera voler en éclats.

De la même manière, acquérir des connaissances en psychologie ou en spiritualité, risque fort de s'avérer vain dès lors qu'il s'agit de nouvelles certitudes, rassurantes car donnant l'impression de comprendre le monde, mais mal maîtrisées parce-que le complexe processus de leur validation scientifique, et surtout de détermination précise de leurs limites, reste hors de notre portée.

Prendre le contrôle de son flux mental

Le principe de base est de ne pas laisser notre esprit vagabonder librement, c'est à dire, dans la pratique, éviter d'avoir notre attention accaparée par nos inquiétudes dans des ruminations mentales stériles.

La méthode Coué, largement reprise par la psychologie positive, propose de se fixer quelques images mentales choisies. Il est important de noter que les images mentales que nos choisissons ne doivent pas être trop idéales sous peine de créer une dissociation préjudiciable entre notre conscience et notre ressenti affectif profond. Le positivisme à tout prix s'avère souvent contre productif. Une image mentale doit être testée, sans préjugé.

La méditation vise à tarir le flux de nos ruminations alimentées par nos inquiétudes.

S'entretenir physiquement (le corps comme support)

Le corps est l'indispensable support de notre esprit. Si le corps va mal, est faible, l'esprit s'en trouve perturbé. Il est donc important, même dans les périodes de grandes difficultés psychiques, d'entretenir correctement notre corps.
En occident, cela passe généralement par la pratique du sport. Cependant, il est important de noter que le temps accordé au corps a aussi son importance au niveau psychologique. Ainsi, tous les bienfaits d'activités telles que la marche ne peuvent être obtenus via des activités sportives courtes et intenses casées dans un planning journalier surchargé (musculation, badminton, etc).

Dans la spiritualité traditionnelle, le corps est plus que le simple support de notre esprit, puisqu'il représente une des trois voies spirituelles, à coté de la voie de la connaissance et de celle de la dévotion. Les techniques associées sont le Yoga et la méditation.
Cependant, la voie traditionnelle du Yoga suppose un complet renoncement au monde, et à minima une intense recherche de minimalité. Voir les questions 'Pourquoi la minimalité est-elle désirable ?' et 'Comment réussir sa vie ?'. Dans le monde occidental actuel, elle produit donc presque systématiquement quelque chose d'inaccompli, et même très souvent une caricature de démarche spirituelle.
Quand à la méditation, elle suppose de préserver notre capacité à faire son devoir, par opposition à s'enfermer dans un égoïsme béat. Voir un exemple de dérive à la question 'C'est quoi un adulte ?'.
En définitive, il est raisonnable de considérer qu'en occident, la voix du corps ne peut pas être la voix principale, sauf à renoncer au monde, et donc que les techniques associées ne peuvent plus être que de très utiles compléments à d'autres thérapies.

Face à la complexité du monde, et à notre impuissance

Un dernier point : en tant qu'êtres humains, nous sommes confrontés à beaucoup de questions pour lesquelles nous ne connaissons pas la meilleure solution, ou n'avons pas les moyens pratiques de la mettre en oeuvre pleinement.
Il est donc important d'entraîner notre esprit à pratiquer la recommandation d'Epictète, à savoir, dans une situation complexe, chercher immédiatement à déterminer ce qui dépend de nous, et ce qui ne dépend pas de nous, pour ensuite utiliser toutes nos capacités sur la partie qui dépend de nous, tout en évitant de nous faire du souci stérile concernant la partie qui ne dépend pas de nous.
Attention cependant à ne pas confondre cette démarche avec la politique des petits gestes qui vise à s'acheter une bonne conscience à moindre frais.

Attention aussi à effectuer une application pertinente de la recommandation d'Epictète au niveau des relations humaines, en différenciant ce qui ne fonctionne pas par manque de technique / savoir faire, de ce qui ne fonctionne pas par manque de bonne volonté. En l'absence de bonne volonté, persévérer est généralement contre productif et doit donc être rangé dans ce qui ne dépend pas de nous, sous peine d'épuisement stérile. D'où l'importance de bien comprendre la classification proposée à la question 'Dis moi comment tu prends les décisions, je te dirai qui tu es'.

Deepen

Concernant l'aspect collectif, que nous avons exclu de ce document au niveau du préambule, se reporter à la question 'Pourquoi la politique est-elle importante ?'.

 

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