Pourquoi les luttes justes, mais mal menées, débouchent sur le communautarisme ?Les injustices subies par les femmes sont tout à fait réelles, et méritent d'être dénoncées, et combattues. Il en va de même des injustices subies par le gens de couleur, les homosexuels, les autistes, etc. Pourtant, la juste lutte qui en découle s'avère bien souvent contre productive. Voyons pourquoi. Pour l'instant, puisque dans nos sociétés, la prise de décisions est structurée par le jeu des alliances, et non par la justesse de la cause, toutes ces catégories sociales, pour peser au niveau politique et obtenir des changements, n'ont d'autre solution que de massifier leurs soutiens. D'une part cela tend à produire en face une réponse de type marchandage, avec un niveau de réponse à minima qui baisse au fur et à mesure que le nombre de communautés augmente. D'autre part, à l'inverse, la conflictualité sociale augmente avec le nombre de communautés, car chaque individu tend à se définir de plus en plus par ses particularismes qui l'opposent au plus grand nombre. Au final, ce système de lutte ne peut guère sortir de l'alternative déni ou communautarisme. La solution passe par le fait de basculer d'une lutte de type nous contre eux au sein de chaque catégorie, à une lutte commune pour un processus de prise de décisions collectives plus justes, qui permette de traiter simultanément, sans les mettre en concurrence, sans opposer systématiquement les individus, l'ensemble des injustices. Dans la pratique, cela consiste à restructurer la vie politique autour de la notion de résolution de problèmes, alors que pour l'instant elle est structurée autour du jeu des alliances. Cette bascule est tout l'objet du livre Du capital à la raison.
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